Acta Universitatis Lodziensis: Folia Litteraria Romanica (May 2017)

Transgressions prosodiques et lénition lexicale

  • Chantal Rittaud-Hutinet

DOI
https://doi.org/10.18778/1505-9065.12.19
Journal volume & issue
no. 12
pp. 215 – 233

Abstract

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Pour éviter les tabous linguistiques le plus facile est de recourir à l’implicite de l’énonciation. Cela explique l’importance de la place de la prosodie signifiante (objet de la phonopragmatique) parmi les ressources de la multimodalité. Car les signes vocaux permettent de transmettre discrètement ce qui, dit avec des mots, constituerait une entorse aux conventions, codes sociétaux, règles de communication, ou même une rupture monolatérale d’interaction ; avec l’explicite on risque en effet de choquer, d’ennuyer, d’impressionner désagréablement ou de faire réagir vivement. La permissivité offerte par la couche vocale aide l’énonciateur à contourner sans danger – ou presque – des interdits de toutes sortes, comme : désir de diminuer l’impact de la violence infligée, plaisir d’être blessant, malveillant ou brutal sans en subir les conséquences, indifférence aux ressentis de l’interlocuteur, ou même volonté de faire croire au consensus. L’analyse (signifiant sonore et signifié pragmatique) d’exemples oraux (enregistrés ou non) de locuteurs de français langue première est suivie de celle de leurs effets prévus ou imprévus sur l’écouteur.

Keywords