Dictynna (Dec 2024)
Imiter Ovide et le signaler dans les romans grecs ? L’exemple d’Achille Tatius et la question des marqueurs d’intertextualité
Abstract
Cet article s’inscrit dans le sillage des études qui mettent en lumière l’influence de la poésie latine sur la littérature grecque d’époque impériale, et notamment le roman grec. Si cette influence est désormais de plus en plus reconnue, on s’accorde cependant à considérer que les auteurs grecs ne reconnaissent pas explicitement cette influence latine sur leurs textes. En me focalisant ici sur l’exemple du roman de Leucippé et Clitophon, je montre au contraire qu’Achille Tatius souligne clairement ses emprunts à l’œuvre d’Ovide à l’aide de marqueurs de l’allusivité qui ont été bien établis par ailleurs : j’observe alors comment l’auteur grec signale son imitation ovidienne, à l’aide des tropes allusifs de la mémoire, de la répétition, de l’imitation etc. Mais on peut également suggérer qu’il thématise sa propre réticence à citer son modèle latin : que ce soit dans l’aveu mi-déguisé mi-assumé d’un recours à l’ars (/Ars) amatoria ou dans la dialectique entre dissimulation et reconnaissance, le romancier signale de manière ludique et sophistiquée, tout en feignant de vouloir les cacher, ses reprises de l’œuvre ovidienne.
Keywords