La Revue LEeE (Jun 2024)
Différencier mes évaluations sommatives ? Analyse des perceptions d'enseignant·es du primaire
Abstract
Les politiques éducatives se sont orientées en faveur d’une Ecole inclusive et de pratiques d’enseignement différenciées pour développer le potentiel de tous les élèves. Qu’en est-il des pratiques d’évaluation des apprentissages, et plus particulièrement dans des situations d’évaluation sommative ? Peuvent-elles/doivent-elles être différenciées par les enseignant·es ? Ces questions sont d’autant plus légitimes avec l’avènement actuel d’une évaluation pour apprendre (assessment for learning) dans les politiques éducatives. En effet, dans ce paradigme toute démarche d’évaluation, même sommative, peut participer au projet de soutenir le développement des élèves. Notre recherche a pour but d’identifier et d’expliquer les perceptions et pratiques déclarées d’enseignant·es quant à la différenciation pédagogique dans le cadre d’évaluations sommatives. Nous avons réalisé des entretiens semi-directifs avec six enseignant·es du primaire (3e à 8e année ; élèves de 6 à 12 ans). Les analyses de cas et analyses globales montrent qu’elles·ils font preuve, dans les évaluations sommatives, d’une certaine flexibilité pour tous les élèves (temps, consignes). Leurs actions sont toutefois plutôt spontanées, au moment de la passation d’un test. Elles consistent surtout à créer un environnement rassurant mais touchent peu les objets évalués et les productions attendues, sauf pour des élèves à besoins particuliers. L’analyse des entretiens permet de relever les obstacles, principalement : une représentation traditionnelle de l’évaluation sommative, une représentation de la justice scolaire spécifique à l’évaluation sommative (méritocratie, égalité de traitement), un manque de temps, un manque de compétences et de connaissances des possibilités de différencier l’évaluation sommative.
Keywords