SHS Web of Conferences (Jan 2016)

Polysémie et homonymie des locutions dans un modèle lexical

  • Pausé Marie-Sophie,
  • Sikora Dorota

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20162705012
Journal volume & issue
Vol. 27
p. 05012

Abstract

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Si les unités phraséologiques, telles que les locutions qui nous intéressent dans cet article, sont aujourd’hui de plus en plus régulièrement examinées dans les ressources lexicographiques (cf. WordNet[1], FrameNet[2] à titre d’exemple), leur traitement et la description qui en est proposée prennent rarement en compte de manière systématique leur polysémie. La base de données lexicales Réseau Lexical du Français (RL-fr), développée au laboratoire ATILF - CNRS (UMR 7118)[3], compte actuellement environ 3000 entrées locutionnelles. En nous appuyant sur les recherches menées dans le cadre théorique de la Lexicologie Explicative et Combinatoire (Mel’čuk et al., 1995) et sur la pratique du travail de description lexicographique liée au développement de la base RL-fr, nous nous intéressons aux spécificités de la polysémie des vocables locutionnels et à leur traitement dans une ressource dictionnairique à large couverture. Après une présentation générale du RL-fr, nous discutons l’analyse et l’encodage des locutions à sens multiples. En effet, pour un vocable locutionnel tel que marcher sur la tête qui nous sert d’exemple, trois sens sont à considérer : ‘dominer’, ‘remporter une victoire écrasante’ et ‘se comporter de manière déraisonnable’. L’analyse consiste alors à déterminer si nous sommes face à un seul vocable polysémique ou bien s’il s’agit d’homonymes, et par conséquent de deux, voire trois entrées de dictionnaire distinctes. Le modèle d’analyse développé et pratiqué dans le cadre du RL-fr prend en compte aussi bien les liens sémantiques entre les (éventuelles) acceptions copolysèmes d’une locution, que les aspects formels de son signifiant, à travers une description de sa structure lexico-syntaxique. Cette dernière s’avère plus d’une fois décisive, lorsqu’il faut juger s’il est question de polysémie ou d’homonymie. Ainsi, l’analyse de la structure lexico-syntaxique de marcher sur la tête nous amène à constater qu’il existe un vocable polysémique marcher sur la tête1 regroupant les acceptions ‘dominer’ et ‘infliger une grosse défaite’ d’une part, et de l’autre son homonyme marcher sur la tête2 avec un seul sens, celui de ‘se comporter de manière déraisonnable’. En conclusion, nous considérons qu’une description de la structure lexico-syntaxique est fondamentale, si l’on tient à distinguer des cas de polysémie de ceux d’homonymie des locutions. Nous allons même jusqu’à dire que la structure lexico-syntaxique d’une locution constitue le signifiant de ces unités phraséologiques.