Iris (Dec 2020)

Des proximités rétives : Kandors

  • Charlotte Serrus

DOI
https://doi.org/10.35562/iris.1238
Journal volume & issue
no. 40

Abstract

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L’une des dernières œuvres de Mike Kelley, qui comprend plusieurs séries réalisées entre 1999 et 2011, est consacrée à Kandor, la ville natale de Superman sur la planète Krypton : une architecture phallique miniaturisée, maintenue sous cloche dans une atmosphère séparée, et dont la forme, dans les vignettes des comics d’origine, ne cesse de subir des variations au fil des épisodes. Partant de ces dessins à la mémoire labile, Kelley produit un ensemble d’installations multimédias qui reprennent des codes visuels typiques de la science-fiction, mais dont l’expérience, pour le spectateur, s’avère excluante plutôt qu’immersive. D’un point de vue phénoménologique, il est question d’appréhender les Kandors comme des réticences, et d’interroger les différents enjeux de cette présence paradoxale. Porteuses de fonctions complexes à la portée psychique autant que collective, ces installations sont d’abord des paraboles du conditionnement social et de ses moules, ce qui inclut et met à l’épreuve leurs propres modalités de réception critique. Par ailleurs, les Kandors engagent tout un jeu de réminiscences formelles qui questionne les mécanismes de fabrication de la mémoire officielle, et la relation amnésique que celle-ci entretient avec certains types de formes principalement issues de la culture populaire.