Synergies Italie (Nov 2015)

Moneta e linguaggio: una relazione difficile

  • Maria Grazia Turri

Journal volume & issue
Vol. 11, no. 11
pp. 19 – 35

Abstract

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Le processus de globalisation, accentué par la dimension financière, a engendré un déplacement de l’emphase de la diachronie à la synchronie, de l’histoire à la structure, et la corrosion de la dimension temporelle a mis en relief la dimension linguistique du système économique, mise au jour d’abord par Adam Smith puis reprise sous diverses formes par George Simmel, Ferdinand de Saussure, Karl Bühler, et devenue en quelque sorte paradigmatique dans la théorie des objets sociaux de John Searle. Nombreux sont les savants qui ont recours de façon constante à l’analogie entre monnaie ou argent et langage, dans le sens où celle-ci serait en mesure de véhiculer et de représenter la significativité économique des objets dans son idiome. Un rapprochement que l’on peut trouver aussi bien chez Simmel que chez Marx, pour qui le prix est le langage de la marchandise, au point que l’attribution de valeur transforme le produit du travail en un hiéroglyphe social. De façon symétrique, Ferdinand de Saussure affirme que linguistique et économie s’occupent d’un système d’équivalences entre des choses d’ordre diffèrent : dans un cas, un travail et un salaire, dans l’autre un signifié et un signifiant, et que, faisant partie d’un système, un mot est investi non seulement par une signification, c’est-à-dire par une référence à un objet externe, mais aussi et surtout par une valeur qui dépend de la confrontation avec d’autres mots qui lui sont opposables. L’histoire de cette analogie s’est souvent fondée sur l’usage synonymique entre monnaie et argent, deux entités qui au contraire relèvent d’ordres ontologiques et métaphysiques différents, ce qui rend manifeste que cette relation est plus complexe et moins immédiate qu’il n’y paraissait.

Keywords