SHS Web of Conferences (Jul 2014)

Cave Canem ou attention au chien ?

  • Compagnone Maria Rosaria

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801361
Journal volume & issue
Vol. 8
pp. 2237 – 2248

Abstract

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A notre époque la technologie sans fil permet une extrême liberté d’usage pour les utilisateurs « nomades » en assurant une continuité des services à la fois performante et économique via des terminaux adaptés, fiables et relativement peu coûteux. En recherchant un point d’accès Wi-Fi, on remarquera donc, à côté des noms des différents opérateurs, des expressions originales qui parfois présentent des analogies avec la langue familière dans le but de créer une sorte d’instantanéité. Suite à ces observations, nous nous sommes donc demandés ce qui pousse un utilisateur à personnaliser son propre réseau. Cette étude a donc pour objectif la description et l'analyse des noms de réseaux Wi-Fi et la détermination de leur niveau de langue, à partir d'un corpus recueilli dans les villes de Paris (France) et Naples (Italie). Le français reste toutefois le point de départ et le point d’arrivée du travail. On pourrait se demander pourquoi cette comparaison avec l’italien ? Le recours à un double corpus nous permet de voir comment les phénomènes linguistiques évoluent dans les deux langues et comment ces phénomènes ne sont pas juste le fait d’une langue et n’ont pas lieu que dans une langue. L’intérêt proprement linguistique réside dans le fait que les nouvelles technologies changent notre rapport à la langue, nos usages de la langue et sont le moteur d'innovations linguistiques. Donc forcément, étudier les « nouveautés » lexicales et morphosyntaxiques qui apparaissent dans ces pratiques constitue un apport pour la linguistique. Notre collection de données se situe dans une période comprise entre le 10 juin 2011 et le 19 septembre 2013 date à laquelle on a arrêté le recueil pour notre analyse. Nous avons collecté 1656 SSID en français e 1650 en italien. Une fois les données collectées, il a fallu les codifier. Sur la base de notre échantillon, qui ne constitue pas encore un véritable corpus (parce que la recherche est toujours in progress) nous sommes passés à notre analyse linguistique et à la classification des noms recueillis. Nous avons théorisé six groupes : 1) Noms du provider du type Alice1234567 ou Freebox-4D1234. C’est le choix des utilisateurs qui acceptent d’installer le Wi-Fi sans modifier le nom livré par le fournisseur d’accès Internet. 2) Patronymes auquel le noyau familial associe alors son nom. 3) Noms de BD, films, etc. Ce sont les choix qui comprennent les noms de BD, de dessins animés, des artistes et les inventions comme DragonBall ou Titeuf. 4) Noms de fantaisie. Dans cette catégorie rentrent les expressions inventées, les expressions crées avec des jeux de mots comme free et légumes (basé sur la quasi homophonie avec fruits et légumes). 5) Noms d’insultes. Dans la majorité des cas de vrais syntagmes, il s’agit de formes triviales très nombreuses qui s’adressent à tous les internautes qui pourraient essayer de pénétrer dans le réseau protégé ou qui pourraient simplement en visualiser le nom comme AllezVousFaireFoutre. 6) Admonitions. Des véritables menaces pour dissuader complètement chaque tentative d’effraction du type TuCliquesJeTeTue. Le nom des réseaux Wi-Fi est devenu donc une sorte de microcontenu qui exprime des idéologies ou met en garde le voisin qui cherche à squatter le réseau Wi-Fi et à monopoliser toute la bande passante. Un avertissement sur le genre de « cane cavem » et d’ailleurs le mot cyberespace introduit une nouvelle définition de l’espace sur le web, un espace qui, malgré son virtuel, reste privé et confidentiel.