Alternative Francophone (Nov 2010)

Traduire le roman africain francophone en slovène

  • Katja Zakrajšek

DOI
https://doi.org/10.29173/af9438
Journal volume & issue
Vol. 1, no. 3
pp. 13 – 25

Abstract

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L’article commence par quelques considérations générales sur les littératures europhones en Afrique, notamment sur les relations complexes et assymétriques entre le contexte culturel original et la langue d’écriture. Dans ces conditions, les stratégies textuelles, et par corollaire, les choix de traduction, possèdent inévitablement une charge politique. La première partie présente une analyse bakhtinienne de certaines stratégies textuelles plus radicales, adoptées par différents écrivains africains francophones ; l’accent est mis sur les questions de l’appropriation de langue et de la représentation littéraire de pratiques linguistiques, particulièrement de l’hétéroglossie sociale, de ses implications sociales et politiques, dans les textes postcoloniaux écrits dans une langue européenne. À la lumière de cette analyse, la seconde partie explore les stratégies de traduction possibles, notamment dans les « petites » langues européennes, exemplifiées par le slovène. Selon le cas, ces stratégies peuvent comprendre la construction d’un nouveau registre virtuel dans la langue cible ; des transformations structurelles de la langue cible pour représenter celles opérées dans l’original déjà-traduit ; et l’adaptation de la translittération du matériau non traduit enchâssé. La discussion s’appuie en partie sur des traductions déjà existantes en slovène. L’auteure plaide pour une approche de traduction non assimilatrice, orientée vers la recréation, par les moyens de la langue cible et de l’hétéroglossie représentée et orchestrée par le texte source. Une telle stratégie aboutit à un texte qui se présente explicitement comme traduction : opérant une médiation entre des positions culturelles fluides, plurielles et hybrides, ce texte demande une participation active tant du lecteur que du traducteur, faisant valoir le « droit de l’autre à l’opacité » et ouvrant de nouvelles voies de communication entre des positions culturelles non dominantes. The article opens with some general considerations on Europhone writing in Africa, particularly the complex, assymetric relations between the original cultural context and the language of writing. In these circumstances, textual strategies, and as a corollary, translation choices, have an unavoidable political charge. In the first part, some of the more radical textual strategies adopted by various African Francophone writers are analysed using a Bakhtinian approach, focussing on questions of language appropriation and literary representation of linguistic practices and, specifically, of social heteroglossia and its social and political implications in the postcolonial literary text in a European language. In the second part, possible translation strategies are explored in the light of this analysis. The focus is on translation to small European languages, with Slovenian as an example. Depending on the situation these strategies can include constructing a new virtual register in the target language ; transforming target-language patterns to represent the transformations at work in an already-translated original ; and adapting the transliteration of embedded nontranslated material. The discussion is partly based on some of the already existing translations into Slovenian. The author argues for a non-assimilating translation approach, aiming to recreate, with the means of the target language, the heteroglossia represented and orchestrated by the source text. The result of such a strategy is a text that is explicitly a translation ; mediating between plural, shifting and hybrid cultural locations, it demands active participation on the part of the reader as well as the translator, asserting the other's "right to opacity" and creating new lines of communication among non-dominant cultural locations.

Keywords