Nuevo mundo - Mundos Nuevos (Jun 2017)

L’esprit et la race. Le mouvement étudiant face à la Révolution mexicaine (1910-1945)

  • Romain Robinet

DOI
https://doi.org/10.4000/nuevomundo.70717

Abstract

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Au Mexique, comme en Amérique latine, l’historiographie du cycle contestataire des années 1960-1970 a consacré la figure de « l’étudiant révolutionnaire ». À l’inverse, « l’étudiant en situation révolutionnaire » n’a fait l’objet que de bien peu d’analyses. La Révolution mexicaine, de la fin des années 1910 au début des années 1940, vit pourtant l’éclosion d’un puissant mouvement étudiant, organisé et représentatif, inséré dans les relations internationales, semblable en apparence à ses homologues européens ou latino-américains. Toutefois, à la différence de ces derniers, le mouvement étudiant mexicain se conçut et se forma en relation étroite avec un phénomène majeur : la Révolution. Durant cette période, les dirigeants étudiants s’organisèrent et se mobilisèrent au nom de la Revolución. La critiquant ou la défendant, ils la propagèrent par leurs voyages, leurs congrès et leurs organisations, au Mexique et dans l’espace ibéro-américain. Ils contribuèrent ainsi à la circulation transnationale de cette expérience révolutionnaire en Amérique latine et en Espagne. Ils formulèrent, dans le même temps, une vision révolutionnaire de la réforme des universités et des écoles, insistant sur l’éducation populaire et la politisation des savoirs. Animés par une vision racialiste du monde social, ces étudiants se mobilisèrent aussi au nom de la « race ibéro-américaine », à laquelle la patrie mexicaine appartenait. La Révolution fut pour eux autant un phénomène de régénération raciale qu’une expérience politique inspirée de modèles européens parfois contradictoires, tels que le nationalisme, le socialisme, le coopérativisme ou le catholicisme social. La radicalisation de la Révolution et le projet d’« éducation socialiste », durant les années 1930, contribuèrent toutefois à diviser grandement le mouvement étudiant. Sa désagrégation progressive correspondit à la fin de la Révolution. S’inscrivant dans une histoire globale, cette thèse invite à repenser la formation des mouvements étudiants dans l’espace euro-américain et est autant une contribution à la dénationalisation du récit révolutionnaire, qu’une analyse du concept de « race » au Mexique.

Keywords