Caliban: French Journal of English Studies (May 2019)

'The Agony of Gaia': Mountain Top Removal

  • Bénédicte Meillon

DOI
https://doi.org/10.4000/caliban.6134
Journal volume & issue
Vol. 61
pp. 113 – 137

Abstract

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Avec un titre en aposiopèse nous invitant à combler le silence d’une phrase laissée en suspens, avec en couverture l’œuvre multimédia de l’artiste plasticien Jeff Chapman-Crane "The Agony of Gaïa," le roman d’Ann Pancake donne voix aux cris de le terre et de femmes entrées en résistance contre une surexploitation techno-phallogocentrique. Se rapprochant de la fiction-reportage, le roman d’Ann Pancake retrace des vies enchevêtrées dans celle des Appalaches où elles sont enracinées et les conséquences sur elles de l’extraction du charbon par décapitation des sommets de chaines de montagnes entières. Donnant voix à une écopoétique vernaculaire qui réhabilite la beauté et les significations profondes du parler rural, le roman singulier d’Ann Pancake donne la parole à des personnages humains, montagne, faune et flore, qui tou.te.s souffrent du même pillage, des mêmes arrachements, de la mise à l’épreuve de leurs ressources. En suivant l’intuition de Michel Serres selon laquelle la Terre se meut et s’émeut, cet article propose une lecture écoféministe de ce roman inspiré d’entretiens avec la population locale des Appalaches dans la Virginie de l’ouest. Il offre une lecture de l’écopoétique romanesque d’Ann Pancake à la lumière de la notion d’enchantement abordée de façon duelle : d’une part l’enchantement révélé par des scènes relevant d’une poét(h)ique écoféministe et du réalisme magique, qui viennent en contrepoint du désenchantement lié à l’exploitation minière par décapitation et désacralisation des montagnes ; et, d’autre part, l’enchantement en tant que poétique qui se fait incantation et écho-vocalisation du chant de la terre. J’aborderai des questions liées à la poétique du jardin, à la réhabitation du monde et la notion de résilience, tant des humains que de la nature nonhumaine. Dans un premier temps, j’élabore ici une lecture intersémiotique et écoféministe des œuvres de Chapman-Crane et Pancake en relation avec la figure de Gaïa et son agonie. Puis, je développe la question de l’enchantement à l’aune du réalisme magique et de l’intelligence du sensible, en jeu dans ce roman. Enfin, je termine en élaborant par le biais de micro-lectures une conception de l’écopoétique comme écho poét(h)ique des matérialités sonores qui co-composent la symphonie multispécifique du vivant.

Keywords