Intexto (Sep 2017)
Le voyage ou les illusions de la communication
Abstract
En France et bien au-delà, le voyage est devenu aujourd’hui l’objet d’un engouement qui, davantage encore qu’un phénomène de mode, semble constituer un des ingrédients fondamentaux des mœurs contemporaines. Les raisons invoquées par les innombrables nomades occasionnels appartiennent au registre de la communication : il s’agit, disentils, d’aller à la rencontre de l’Autre dans un vaste souci de culture et d’humanisation. Cette vision rassurante des choses peut-elle et doit-elle pour autant nous satisfaire ? Dans une diatribe célèbre, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss a fustigé cette vaste obsession de la transhumance. Et le philosophe Jean Brun a déployé une interprétation particulièrement réductrice des vagabonds de l’Occident, taraudés par la finitude fondamentale de leur être-au-monde. Certes, il a existé, et il existe d’authentiques voyageurs ouverts au désir de l’inconnu et exposés aux risques qui lui sont concomitants. Et il est possible, comme le laisse surgir le journal de voyage de Heidegger, que le voyage authentique soit celui qui nous met en présence, fût-ce fugitivement, non d’une déambulation perpétuelle, mais d’un ontologique recentrage.
Keywords