Zbornik Radova Filozofskog Fakulteta u Prištini (Jan 2013)

O prevodima kletve kneza Lazara na francuski jezik

  • Obradović Radmila M.

Journal volume & issue
Vol. 2013, no. 43-1
pp. 49 – 66

Abstract

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(francuski) Dans le chant populaire serbe du cycle du Kosovo Kneževa kletva (Malédiction du prince), le prince serbe Lazare maudit les traitres avant la bataille de Kosovo. Une version de sa malédiction reprise par le noble Musić Stefan et une autre reprise par le serviteur de celui-ci font partie du chant populaire Musić Stefan. La première de ces deux versions, qui est la plus connue, est écrite sur le monument aux héros de la bataille de Kosovo. Dans le travail ci-présent, nous avons d’abord analysé la traduction de la malédiction du prince Lazare du chant Malédiction du prince faite par Adolphe d’Avril (dans son recueil La Bataille de Kossovo, rhapsodie serbe. Tirée des chants populaires, Paris, Librairie du Luxembourg, MDCCCLXVIIl). Notre analyse montre que d’Avril a bien réussi non seulement à traduire la malédiction du prince Lazare, mais qu’il a surtout réussi à suggérer au lecteur francophone l’attitude du prince serbe qui, comme le dit d’Avril lui-même, incarne "la splendeur de la royauté" et est mû par son "sentiment exalté du devoir", sa "soumission à Dieu", son "dévouement absolu". Et le traducteur recourt aux vers de dix pieds des "grandes chansons de geste" françaises qui correspondent aux vers des chants épiques serbes. La première version de la malédiction du prince Lazare du chant populaire Musić Stefan figurant, sans le deuxième vers, sur le monument aux héros de la bataille de Kosovo érigé à Gazimestan, est présentée sur une photo de la partie centrale du monument par Wikipédia (L’encyclopédie libre) et par XAcademic (Dictionnaires et Encyclopédies sur ’Academic’) dans le cadre de deux articles aux titres identiques Gazimestan. La malédiction y est en outre accompagnée de sa traduction en français. Cependant, ces deux traductions, tout à fait identiques sur ces deux websites, sont faites d’après le chant MusićStefan, c'est-à-dire qu'elles comprennent le vers omis dans l'inscription, ce qui n'est pas précisé par les auteurs ni par les traducteurs, ou plutôt par le traducteur. Pourtant, le traducteur de ces vers est soucieux d'être fidèle à la version originale, dirions-nous, mais sa traduction laisse à désirer, de sorte que le lecteur francophone est bien loin de saisir le caractère du chant épique serbe ainsi que le sens profond de ces vers. Au-dessous de la traduction, les rédacteurs de ces deux websites notent que "la forme de cette malédiction apparaît pour la première [sic/] dans l'édition de 1845 du recueil de chansons populaires réalisé par Vuk Stefanović Karadžić", en utilisant le mot "chansons" au lieu du terme chant accepté par les spécialistes (v. Dozon, d'Avril, Article Larousse, épopée), omettant le mot "fois" et en oubliant de préciser qu’il s’agit de chants populaires serbes. Si les articles de ces deux websites ne présentent pas Gazimestan en tant qu’un monument historico-culturel d'importance exceptionnelle dans son contexte historique, les auteurs de l’article de l’ ’Academic’, de surplus, le définissent comme un "monument culturel kosovar d'importance exceptionnelle". Associer un adjectif sémantiquement peu clair au monuments aux héros de la Bataille de Kossovo témoigne d’un oubli des faits historiques mais aussi de la langue française.

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