Cahiers Agricultures (Jan 2022)

Le marché foncier comme dispositif de réallocation de l’eau dans le périmètre irrigué de Guelma, Algérie

  • Assassi Sami,
  • Daoudi Ali,
  • Amokrane Athmane

DOI
https://doi.org/10.1051/cagri/2022028
Journal volume & issue
Vol. 31
p. 31

Abstract

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Les terres irriguées, rares, sont au cœur des enjeux de sécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement car elles sont les plus productives. Leur extension représente un choix stratégique pour beaucoup de ces pays. En Algérie, comme dans tout le Maghreb, ce choix s’est longtemps traduit par la création de grands périmètres irrigués. Dans ces périmètres, les disponibilités en eau ne permettent généralement pas de couvrir l’ensemble des demandes et l’eau est gérée par un dispositif de rationnement par le tour d’eau, qui réduit les quantités affectées à chaque exploitation à des seuils qui limitent leurs choix productifs. Dans le périmètre irrigué de Guelma, un tiers de la superficie est pourtant annuellement réservée à des cultures irriguées à forte valeur ajoutée, notamment la tomate industrielle. Pour comprendre les mécanismes par lesquels l’eau, rare, en théorie accessible à tous, et vendue à un prix administré faible, est affectée à des cultures intensives en capital et en eau, nous avons réalisé 30 entretiens semi-directifs avec des personnes ressources, une enquête directive auprès de 30 locataires et de 52 propriétaires de parcelles dans le périmètre irrigué, et une analyse spatiale d’images satellites. Nos résultats montrent que le développement de cette culture intensive est en grande partie à mettre en rapport avec l’existence d’un marché foncier locatif dynamique liant terre et eau. Via ce marché double, l’eau disponible est réaffectée entre individus et laissée chaque année aux plus offrants, à savoir les locataires spécialisés dans la tomate industrielle, qui génèrent une valeur ajoutée élevée. Comme les locataires redistribuent une partie de la valeur qu’ils génèrent, via la rente locative et la rente de fertilité résiduelle, à tous les producteurs de blé, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ces derniers ne réclament pas les droits d’eau en théorie associés à ces parcelles.

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