Akofena (Sep 2024)
Patriotisme et liberté d’expression en temps de crises multidimensionnelles : antagonisme et complémentarité
Abstract
Résumé : La crise que traverse le Mali suscite beaucoup de débat concernant l’esprit du patriotisme. L’éveil de conscience est surtout caractérisé par les soutiens à l’armée et aux autorités politiques et administratives du pays. Les messages de sensibilisations sur la nécessité de soutien aux forces de défense et de sécurités sont surtout véhiculés à travers les médias (radio, télévision, internet, etc.). Les mouvements de soutien se justifient par l’engagement nécessaire des uns et des autres pour la paix et la cohésion sociale. De ce fait, toute voix dissonante est considérée comme discours « apatride », « traitre » ou « complotiste » contre lesquels les « patriotes » semblent se défendre. Les « patriotes » invitent sans cesse à la vigilance et à la résistance. Les secteurs politiques, économiques, voire médiatiques sont scrutés à des fins d’identification des supposés « traitres » ou « ennemis de la nation ». Les radios, surtout les réseaux sociaux sont systématiquement utilisés par les « patriotes » pour répliquer aux propos dissonants tenus par les adversaires. A ce tableau s’ajoute la menace djihadiste (terroriste) contre toute autre voix discordante. Ni population ni média ne sont épargnés par l’imbroglio djihadiste. Dans le nord du pays, surtout à Tombouctou par exemple, cet imbroglio a été caractérisé par des entraves aux pratiques d’expressions socioculturelles, religieuses et économiques. Dans ce contexte d’incertitude, il est important de questionner la possibilité pour les populations de jouir de toute leur liberté d’expression garantie par l’article 14 de la constitution de 2023. Dans un environnement de transition dans la gestion du pouvoir et dans un contexte de menace djihadiste, il est aussi important d’analyser l’état de la liberté de presse sans laquelle il ne saurait question de démocratie. Mots-clés : crise, expression, liberté, patriotisme, population.