Recherches (Nov 2020)
Psychanalyse et « mensonge organisé » dans le théâtre espagnol des années 1920
Abstract
La publication de la traduction espagnole des œuvres de Freud dès 1922 semble aussitôt impulser en Espagne l’émergence d’un théâtre dit “freudien” qui repense la figure traditionnelle du fou théâtral à l’aune des apports de la psychanalyse, et en particulier de la découverte de l’inconscient. À l’ancienne figure du fou, qui tenait à la fois du bouffon, du bobo et gracioso, et du fou carnavalesque, se substituent le malade mental et ses traumatismes psychiques. Le facétieux inconscient n’a de cesse de jouer ses tours de passe-passe, libérant sur scène toute une panoplie de (men)songes : mensonges aux autres, mensonges à soi, silences et omissions, travestissements et dénis. L’article analyse sous cet angle deux pièces des années 1920 : Sinrazón (1928) d’Ignacio Sánchez Mejías, et Tararí (1929) de Valentín Andrés Álvarez. La vérité conduit au chaos ; la vérité est subversion qui mène à la camisole de force. Ce sont les deux conclusions désabusées et pessimistes que proposent ces farces, comiques ou tragiques, selon l’angle d’où on les lit et on les regarde.
Keywords