Essays in French Literature and Culture (Nov 2024)

"Repenser l’interconnexion des langues dans les études francophones : le cas du Maghreb"

  • Samia Kassab-Charfi

Journal volume & issue
Vol. 61
pp. 87 – 109

Abstract

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Les études analytiques de la littérature francophone du Maghreb ont historiquement été fondées sur une confguration de scission, voire de schize des langues. En effet, le français a toujours été considéré dans une diglossie avec la/les langue.s locale.s, à savoir principalement l’arabe dialectal (Leïla Sebbar, Je ne parle pas la langue de mon père, 2003), le judéo-arabe (Jacques Derrida, Le Monolinguisme de l’Autre, 1996), mais aussi l’amazigh (Assia Djebar, La Disparition de la langue française, 2003). Cette représentation, de nature anxiogène, a perduré jusqu’à l’avènement d’une poétique plus « égalitaire », incarnée par la posture de l’écrivain marocain A. Khatibi. Mais plus encore, en discriminant les parlers locaux, elle reproduit le même irrespect de la préservation des « espèces » de langues (JeanLouis Calvet, Pour une écologie des langues du monde, 1999) que celui subi par l’environnement aujourd’hui et dont témoignent les études écologiques. Cette contribution tentera d’élucider les composantes de cet héritage « bancal » fait d’effacements et de disparitions, et fera émerger des « Noé », c’est-à-dire des écrivains qui ont développé une vision où l’infltration de la langue maternelle modife l’ADN de l’écriture en français, témoignant de la coprésence de toutes les langues dans la chair de cette écriture.

Keywords