Italies (Apr 1998)

« Fra la miseria dei battuti scogli ». Michelstaedter, Settembre 1910

  • Marco Cerruti

DOI
https://doi.org/10.4000/italies.3463
Journal volume & issue
Vol. 2
pp. 161 – 172

Abstract

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Carlo Michelstaedter s’est suicidé le 17 octobre 1910 à l’âge de 23 ans, alors qu’il terminait sa tesi di laurea intitulée « La persuasione e la rettorica ». Ce travail de recherche est devenu paradoxalement un ouvrage majeur de la pensée philosophique au début du XXe siècle. Le jeune auteur séduit d’abord par les théories de l’individualisme héroïque répandues par Nietzsche, d’Annunzio, Conti, découvre ensuite les œuvres de Tolstoï et surtout d’Ibsen, dans lesquelles il voit un reflet de ses propres angoisses. Incapable de construire pour lui une existence authentique en dehors des exigences sociales qu’il rejette, il imagine une liberté idéale dont il rend compte dans ses derniers écrits, en particulier les poèmes « I figli del mare », « All’Isonzo ». Cette liberté passe par l’image de la mer, qui évoque le salut dans la fuite vers un horizon meilleur, souhaité par l’auteur, avant d’être considéré comme impossible. En effet, ce voyage n’est pas sans danger ; contrarié par la lutte entre le brouillard et le vent ; même la femme aimée, qui lui donne le courage de persister dans son effort pour la retrouver, disparaît de son horizon. Quant au port, en général espoir ultime du marin et du voyageur, il n’est jamais vraiment atteint, et au milieu de la tempête le poète isolé et privé de toute force morale ou physique, s’abandonne au naufrage, image poétique du suicide.

Keywords