Estudos Semióticos (Dec 2020)
L' apport de l’épistémologie de René Thom à la sémiotique
Abstract
La pensée épistémologique de René Thom montre deux facettes qui correspondent grossièrement à deux périodes de sa recherche scientifique : (a) un platonisme mathématique qui recherche le corrélat des structures topologiques dans la réalité des phénomènes (la période de 1965 à 1977), et (b) la critique du paradigme galiléen en physique expérimentale et la pertinence d’une philosophie de la nature appliquée à la biologie et à la sémiotique (la période de 1978 à 1990). Les deux positions peuvent être analysées d’une part en partant du livre Stabilité structurelle et morphogenèse de 1972 et de son programme d’une analyse qualitative basée sur la théorie des catastrophes (ensemble avec Christopher Zeeman), d’autre part basé sur le livre de 1988 avec la vision d’une sémiophysique et un programme qui se met à la recherche des forces qui sélectionnent et canalisent la morphogenèse du sens (et qui permettent de constituer une sémantique en linguistique et une sémiotique dynamique). L’épistémologie de Thom peut être interprétée dans le contexte de la tradition philosophique de Leibniz à Kant et Husserl. Jean Petitot explique les rapports tout en considérant la sémiotique de Greimas et les recherches cognitives en linguistique et en neuropsychologie. Ces aspects historiques sont discutés brièvement. Cet article essaie de clarifier et d’évaluer la portée épistémologique des travaux de Thom pour la sémiotique et la linguistique. Il poursuit le but non seulement de faire comprendre cette contribution au débat épistémologique, mais aussi de circonscrire le potentiel épistémologique de la pensée morphodynamique de René Thom pour la sémiotique et la linguistique.