Études romanes de Brno (Jul 2017)

Vers un transhumanisme avec la lentille bifocale d'André et Simone Schwarz-Bart

  • Kathleen Gyssels

DOI
https://doi.org/10.5817/ERB2017-1-8
Journal volume & issue
Vol. 38, no. 1

Abstract

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Dans l'oeuvre posthume d'André Schwarz-Bart, il s'agit une fois de plus de croquer la transhumance de l'humaine famille universelle. Dans L'Etoile du main et L'Ancêtre en Solitude, les récits reviennent sur les aléas des migrations forcées, ou non, générées tantôt par des catastrophes naturelles, tantôt produites par les mains de l'homme. Simone Schwarz-Bart prend sur elle la responsabilité de sortir tantôt sous leur double nom, tantôt sous le nom seul d'André, le cycle romanesque autour de la mère originelle, l'aïeule Solitude. De La Mulâtresse Solitude à L'Ancêtre en Solitude, les déboires d'une enfant bâtarde d'une diola née en Guadeloupe, sont suivis pour tisser délicatement les errances et déshérences d'un individu au temps de l'esclavage aux Antilles. La transmigration de millions d'Africains aux Amériques est dans l'esprit de l'auteur analogue à celle de millions de juifs qui ont été forcés de quitter leur lieu d'origine, et ce depuis des siècles. L'Etoile du matin nous ramène en effet dans la Pologne d'avant la Shoah, d'une part, et la vie d'un rescapé de la Shoah, d'autre part. A chaque fois, les auteurs signent un plaidoyer pour le transhumanisme au sens de Morin : au-delà des barrières ethniques, sexuelles, linguistiques, nationales ou encore confessionnelles, l'être humain bientôt sera un « clone surgi d'une éprouvette », qui habiterait avec les progrès de la science, la « planète de mutants » (Prologue de L'Etoile du matin). Finalement, l'écriture transdisciplinaire tente de regarder la transhumance planétaire à travers une lentille bifocale, de près et de loin, agrandissant ou au contraire réduisant l'importance d'accidents survenus sur le chemin d'une vie, afin de surmonter le traumatisme de « la Catastrophe » (EM 18).

Keywords