AMJAU, African and Mediterranean Journal of Architecture and Urbanism (Jul 2020)
Le milieu en architecture, entre réinterprétation du concepteur et perception de l’usager Cas du village de Gourna au Louxor (Egypte) et des immeubles Sémiramis à Casablanca (Maroc)
Abstract
Au moment où la production architecturale contemporaine tend, de plus en plus, vers la standardisation et l’universalisation des modes d’expression, anéantissant et dénigrant, de fait, les singularités et les spécificités du milieu et du contexte, on assiste, par souci environnemental ou identitaire, à un réel engouement pour des modèles architecturaux et urbains dits locaux ou vernaculaires. En effet, un retour vers des principes tels que « l’architecture sans architecte », « l’architecture située ou localisée » ou encore « l’architecture circulaire ou conviviale » ont été adoptés et expérimentés par des architectes à la fibre sociale et soucieux de produire une architecture en dialogue avec les lieux, les habitants, l’écoumène, …Séduits par ces concepts, certains architectes et concepteurs ont essayé d’allier symbolique et technicité, ceci en s’intéressant aux caractéristiques du milieu, en recyclant les savoir-faire et les techniques constructives locales et en réinterprétant les usages et les pratiques sociales dans les constructions nouvelles. Cette approche bien que particulièrement sensible aux réalités du topos interpelle le vrais sens d’« intégration » durant la phase post-réalisation du projet. Cet article se propose donc de questionner certains aspects fondamentaux de cette approche fondée sur le recyclage et la réinterprétation du corpus vernaculaire dans les productions architecturales contemporaines : comment définit-on une immersion réelle d’une architecture dans son milieu ? Est ce que la préservation d’un tissu ancien par la conservation assure-t-elle une réelle continuité entre milieu et architecture ? Est-ce qu’un remodelage d’une architecture par ses habitants témoigne-t-il d’un échec de cette association recherchée ? Des questionnements qui seront explorés à travers deux cas d’étude : le cas du village de « Gourna » en Egypte et des immeubles « Nid d’abeilles » au Maroc, à travers lesquels sera analysée l’évolution du rapport dialectique entre les productions architecturales à inspiration vernaculaire et leurs milieux d’insertion.