Cahiers d’Études Romanes (Jul 2021)

L’intelligence au pouvoir

  • Ilaria Splendorini

DOI
https://doi.org/10.4000/etudesromanes.11903
Journal volume & issue
Vol. 42
pp. 99 – 117

Abstract

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Représentée en courtisane lascive présidant un somptueux banquet ou en victime éplorée subissant son geste plutôt qu’assumant délibérément de se donner la mort, Cléopâtre a presque toujours fait l’objet, au cours du XVIIe siècle, d’une narration sensuelle exacerbée par le prisme d’un regard masculin et répondant au désir voyeuriste du commanditaire. Allant à l’encontre des héroïnes sérielles de Guido Reni, victimisées et sexualisées dans l’abandon de leurs derniers instants, Elisabetta Sirani nous livre une image peu conventionnelle et très incisive de la dernière reine d’Égypte, qui incarne l’exemple même de la mulier virilis, de la femme forte maîtresse d’elle-même et de son destin. En choisissant de représenter Cléopâtre en souveraine intelligente, rusée et habile, la jeune peintre bolonaise va à contre-courant de l’historiographie classique et de la tradition iconographique de son époque. Ce choix témoigne, en dernier ressort, de son ambition non seulement de représenter l’Histoire mais de la réinterpréter.

Keywords