Langues & Cultures (Jun 2025)
La construction de l’oubli dans le récit mémoriel : le cas du verbe se rappeler à la forme négative
Abstract
Cette contribution a pour objectif de comprendre le fonctionnement discursif du processus de l’oubli dans les témoignages des internés du camp de Rivesaltes (1941-1942). Plus spécifiquement, elle analysera les constructions discursives et argumentatives du verbe du souvenir se rappeler à la forme négative dans le récit mémoriel. Cette étude, réalisée à l’aide du logiciel TXM et complétée par une approche discursive, a montré que le verbe se rappeler à la forme négative, souvent graduel, est utilisé par les témoins pour marquer le degré de leur(s) oubli (s). En effet, la négation est employée soit comme un acte de rejet total quand le souvenir n’existe pas ou n’a jamais existé dans la mémoire du locuteur, soit comme un acte de rejet modéré quand le souvenir est partiellement présent. Ainsi, par l’attestation de l’oubli, le locuteur renforce son statut de témoin honnête. Abstract This contribution aims to understand the discursive functioning of the process of forgetting in the testimonies of the internees of the Rivesaltes camp (1941-1942). More specifically, it will analyze the discursive construction of the verb of memory se souviens in the negative form in order to identify its different uses and its argumentative role in the memory narrative. This study, carried out using TXM software and supplemented by a discursive approach, showed that the verb se souviens in the negative form, often gradual, is used by witnesses to mark the degree of their forgetting(s). Indeed, negation is used either as an act of total rejection when the memory does not exist or has never existed in the speaker's memory, or as an act of moderate rejection when the memory is partially present. Thus, by attesting to forgetting, the speaker reinforces his status as an honest witness.