La réhabilitation de l’oralité après son discrédit au profit de l’écriture au Sénégal : l’exemple de l’utilisation de l’application WhatsApp

Abstract

Résumé : Cet article questionne l’impact des TIC sur la société sénégalaise notamment le rapport oralité/écriture. Il part d’une première conception erronée de l’ethnologie coloniale du 19e siècle qui a considéré les peuples de l’Afrique subsaharienne comme des communautés dépourvues d’histoire. Avec le relativisme culturel intervenu au milieu du 20e siècle est née une autre erreur consistant à enfermer l’humanité dans une dichotomie : tradition écrite - tradition orale. La principale conséquence de cette vision relativiste est la division de l’humanité en deux catégories : les sociétés de tradition orale et les sociétés de tradition écrite. Cette deuxième conception est erronée parce que le développement d’une spécificité culturelle n’est jamais lié à l’essence d’un individu ou d’un groupe. Cela dépend plutôt des circonstances et prouve la capacité humaine à s’adapter à toutes les situations. Avec l’islamisation et la colonisation, l’alphabétisation et la culture de l’écrit se sont installées et se sont tellement ancrées dans les sociétés africaines que d’aucuns ont pensé à une guerre contre la tradition orale. Celle-ci a été reléguée au rang de véhicule du folklore, de la légende, bref de ce qui n’est pas sérieux. Curieusement, le constat a été fait depuis quelque temps que l’avènement des TIC a donné un nouvel élan et une nouvelle dimension à l’oralité à travers la création de chaînes sur YouTube, de comptes sur Facebook, mais surtout de groupes d’amis, de familles, de collègues, etc. sur WhatsApp … Notre objectif est de montrer que l’oralité est en passe d’être réhabilitée après plus d’un siècle de discrédit. L’appropriation et l’utilisation des TIC ont donné un nouvel élan et une nouvelle dimension à l’oralité. Cette nouvelle donne soulève la question de la gestion de ces milliards de documents sonores et audiovisuels générés. Mots-clés : Sénégal, oralité, écriture, TIC, WhatsApp