Alternative Francophone (Jan 2015)
Postcolonial Interjections: Jean-Philippe Stassen Illustrates Heart of Darkness and We Killed Mangy Dog
Abstract
En 2006, le bédéiste belge Jean-Philippe Stassen publia de nouvelles éditions de deux livres de l’ère du colonialisme européen—Cœur des ténèbres de Joseph Conrad et Nous avons tué le Chien Tiegneux de Luìs Bernardo Honwana—pour lesquels il fournit des illustrations et, dans le cas de Cœur des ténèbres, d’autres matériaux qui contextualisent le roman. Faisant partie d’une tendance plus large dans laquelle les artistes illustrent la littérature classique, ces deux nouvelles publications invitent les lecteurs à retourner aux originaux pour explorer la notion de silence et la facon dont elle fonctionne différemment chez les deux auteurs différents. Cet article considère les pratiques variées du paratexte de Stassen afin d’examiner comment, grâce aux interjections à travers le temps et l’espace, Stassen interrompt, augmente, conteste et accompagne les textes originaux. Pour Cœur des ténèbres, le cadrage devient une stratégie polyvalente qui montre les écarts et les défauts dans l’écriture de Conrad. Par contre, Stassen adapte les stratégies littéraires de Honwana et les transpose au domaine visuel, ainsi il souligne les silences et le pouvoir subtile de l’œil perçant dans l’allégorie politique Nous avons tué le Chien Teigneux. Le choix de ces deux textes suggère tout un remaniement du discours colonial. En fin de compte, la gamme des pratiques du paratexte de Stassen et les caractéristiques formelles de ses illustrations, destinées à faire repenser comment les lecteurs abordent les originaux, cherche à faire aussi repenser le colonialisme européen, l’impérialisme et leurs modes de représentation. In 2006, Belgian cartoonist Jean-Philippe Stassen produced new editions of two books from the European colonial era—Joseph Conrad’s Heart of Darkness and Luìs Bernardo Honwana’s We Killed Mangy Dog—which he provided illustrations and, in the case of Heart of Darkness, other contextualizing materials. Part of a broader trend in which artists illustrate classic literature, these two publications invite readers to return to the original texts to explore the notion of silence and how it functions differently in each of the texts. This article considers Stassen’s various paratextual practices to examine how, through interjections across time and space, he disrupts, enhances, challenges, and complements the originals. In the case Heart of Darkness, framing becomes a multivalent strategy that exposes gaps and shortcomings in Conrad’s writing. Conversely, Stassen adapts Honwana’s literary strategies and transposes them to the visual field, thus emphasizing silences and the subtle power of the piercing eye in the political allegory We Killed Mangy Dog. The choice of these two particular texts suggests an overhauling of colonial discourse. Ultimately, the range of Stassen’s paratextual practices and the formal characteristics of his illustrations, meant to reconfigure readers’ approach to the original texts, seek to rethink European colonialism, imperialism, and their modes of representation.
Keywords