Revue Internationale de Politique de Développement (Sep 2020)
Tenter d’être toutes choses pour tous les humains : le développement alternatif en Afghanistan
Abstract
Le développement alternatif n’a pas eu beaucoup de succès en Afghanistan. Compris et mis en œuvre comme des interventions localisées pensées pour réduire la culture de plantes psychotropes, ces projets n’ont pas atteints leurs objectifs dans le courant des années 1990. Après 2001, avec la chute du régime des Talibans, une croissance inédite des niveaux de production de pavot à opium, et une arrivée en quantité non négligeable de programmes d’aide, le développement alternatif en est venu à revêtir des significations différentes en fonction des personnes en Afghanistan. Pour certains, le développement alternatif s’est poursuivi sous la forme d’interventions de court terme prévues pour obtenir des communautés qu’elles acceptent de réduire la production d’opium ou pour récompenser celles qui l’avaient déjà fait. Pour d’autres, cela pouvait être tout programme de développement mis en œuvre dans une zone de culture de pavot avérée ou présumée, sans considération des causes du choix de culture et de la différence en fonction des zones, du genre ou du groupe socio-économique. L’auteur montre ici qu’un manque de cohérence et de clarté de l’approche — et en particulier l’absence d’articulation et de mise en œuvre d’une stratégie de soutien des agriculteurs en transition vers des cultures licites au sein d’un cadre changeant d’aide au développement — ont porté le développement alternatif et les efforts de réduction de la culture du pavot à opium par le biais du développement rural, aux marges de l’Afghanistan. Pour citer les Corinthiens, en tentant de « d’être toutes choses pour tous les humains », le développement alternatif n’a finalement sauvé personne.
Keywords