SHS Web of Conferences (Jul 2014)

A propos du rôle des formants vocaliques et du f0 moyen dans l'identification du genre par la voix chez les auditeurs francophones parisiens et anglophones américains

  • Pépiot Erwan

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801057
Journal volume & issue
Vol. 8
pp. 1365 – 1379

Abstract

Read online

L’influence relative du f0 moyen et des formants vocaliques dans l’identification du genre par la voix fait l’objet de débats. Selon la majorité des auteurs ayant conduit leurs études auprès d’auditeurs anglophones, la fréquence fondamentale moyenne serait l’indice acoustique le plus important (Pausewang Gelfer & Mikos, 2005 ; Coleman, 1976). Néanmoins, une étude plus récente d’Arnold (2012), menée sur des francophones, suggère que les fréquences de résonance, et en particulier les formants vocaliques, seraient le paramètre acoustique le plus déterminant, contredisant en apparence les études précédentes. La présente étude est une double expérience d’identification du genre par la voix, menée conjointement sur 25 auditeurs francophones parisiens (17 femmes, 8 hommes) avec des stimuli en français, et sur 25 auditeurs anglophones américains (18 femmes, 7 hommes) avec des stimuli en anglais. Des extraits de mots et pseudo-mots dissyllabiques de type (C)VCV, enregistrés par des locuteurs anglophones américains pour le corpus anglais (2 femmes, 2 hommes) et des locuteurs francophones parisiens pour le corpus français (2 femmes, 2 hommes) ont été présentés aux participants en utilisant la technique du gating. Ces derniers avaient pour tâche d’identifier le genre du locuteur ayant produit le stimulus et d’indiquer leur degré de certitude. Au regard de l’analyse acoustique des stimuli, on constate que les paramètres acoustiques n’ont pas influencé de la même manière les auditeurs des deux langues. La fréquence fondamentale moyenne semble avoir plus fortement influencé les auditeurs anglophones. A l’inverse, la fréquence des formants vocaliques a quant à elle très fortement influencé les jugements des auditeurs francophones, mais peu celui des anglophones. Ces différences pourraient en partie s’expliquer par la plus grande stabilité formantique des voyelles françaises. Ainsi, il apparaît que les stratégies pour identifier le genre du locuteur par la voix sont dépendantes de la langue parlée : les études antérieures ne semblent donc plus contradictoires.