Amaltea: Revista de Mitocrítica (Oct 2009)
Impossible de s'en sortir seul. Fictions labyrinthiques et solitude chez Franz Kafka, Jorge Luis Borges, Mark Z. Danielewski et Stanley Kubrick
Abstract
Cet article se propose d’analyser les rapports entre le motif du labyrinthe et le thème de la solitude à partir de quatre oeuvres : La Demeure d’Astérion de Borges, Le Terrier de Kafka, La Maison des feuilles de Danielewski et le film Shining de Kubrick. Le même scénario s’y répète : isolé dans un labyrinthe, un personnage sombre dans la folie, puis meurt. Pourquoi les fictions labyrinthiques fontelles si souvent appel à ce schéma narratif ? La démonstration passe d’abord par un retour au mythe : la solitude y est la condition du Minotaure, personnage que la modernité a réhabilité. Dans la littérature du XXe, les labyrinthes sont essentiellement d’ordre mental : ils représentent moins un monde extérieur hostile que la complexité intérieure du sujet. En dressant un portrait des personnages qui succombent, on verra que les fictions labyrinthiques s’emploient à démontrer ex negativo la nature dialogique de l’identité subjective. Les victimes du labyrinthe sont des individus qui poussent le refus de l’autre jusqu’au solipsisme et voudraient maîtriser un environnement dont la complexité les déborde. Derrière ces personnages qui représentent autant d’exemples à ne pas suivre, on peut entrevoir un portrait en creux du lecteur idéal des fictions labyrinthiques.