Déméter (Sep 2022)
Jeté entre nous sur le temps
Abstract
Le texte qui suit porte sur un court métrage de Teo Hernandez, réalisé en Super 8 entre 1982 et 1983. Au regard de la période artistique (1920-1969) que cible ce numéro thématique de la revue Déméter, cette œuvre cinématographique est donc hors cadre (à une quinzaine d’années près) et son auteur, cinéaste expérimental mexicain actif à Paris entre 1966 et 1992, n’est pas à proprement parler un cinéaste surréaliste comme on pourrait le dire, par exemple, de Luis Buñuel. Mais la culture de Teo Hernandez, particulièrement métissée, et sa trajectoire singulière, marquée par ses voyages et ses échanges avec des autodidactes parfois très marginaux (comme Gaël Badaud, avec qui il a réalisé L’eau de la Seine), autorisent à souligner quelques correspondances avec le surréalisme. Filmant au bord de la Seine, Hernandez puise dans l’attirail des sujets et des motifs que de nombreux poètes, photographes et collectionneurs ont privilégié au cours du xxe siècle sous l’influence de cette avant-garde. Au-delà des relations thématiques et des similitudes visuelles, l’analyse de ce film révèle une relation plus profonde avec le surréalisme – envisagé comme un régime de perception et d’expression artistique particulier, et partageable au-delà de ses cernes chronologiques et géographiques : elle se noue autour de la question de l’objet trouvé, et plus précisément, de l’évènement que constitue sa trouvaille, d’après les écrits d’André Breton.