Akofena (Dec 2022)

Des voix et des silences pour une lecture décolonisée de l’Histoire dans L’amour, la fantasia de Assia Djebar et Je t’offrirai une gazelle de Malek Haddad

  • Goucem Nadira KHODJA

Journal volume & issue
Vol. 1, no. 9

Abstract

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Écrire l’Histoire de l’Algérie relève du défi pour les historiens en raison de l’inaccessibilité aux archives, d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée et de la raréfaction des témoignages vivants. Pour pallier ce manque de documentation historique mais aussi pour décoloniser le discours historique, la littérature algérienne francophone, représentée à travers des écrivains engagés comme Assia Djebar (1995) dans son roman L’amour, la fantasia et Malek Haddad (1959) dans Je t’offrirai une gazelle a cherché à reconstituer des parcelles d’Histoire au moyen de la fiction littéraire. Djebar redonne la parole à des personnages sans voix dans les manuels historiques, tandis que Haddad installe les péripéties de son intrigue dans un contexte historique dominé par la question coloniale et la guerre d’indépendance. L’écriture littéraire prospecte les voies inaccessibles à l’historien, recourt à la collecte de témoignages de femmes anonymes et sans visages dans L’amour, la fantasia et à une légende du désert qui modalise le discours historique au moyen de l’imaginaire poétique dans le roman de Haddad. La présente étude se propose de voir, à partir de ces deux ouvrages et à la lumière de la critique postcoloniale, les enjeux esthétiques et sémantiques de l’articulation du texte littéraire et du fait historique.

Keywords