Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada (Dec 2024)
Perception des services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose chez les personnes consommatrices de drogues qui vivent dans des régions rurales et éloignées du Canada : étude qualitative
Abstract
IntroductionL’épidémie actuelle de surdoses demeure l’une des plus grandes crises de santé publique au Canada. Si, pour la freiner, différentes mesures de réduction des méfaits ont été mises en place, ces mesures demeurent concentrées dans les milieux urbains. Les services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose sont de nouveaux services technologiques de réduction des méfaits susceptibles de pallier le peu de ressources offertes en milieu rural : grâce à la supervision virtuelle de la consommation, ils pourraient réduire les décès liés à la consommation de drogues chez les personnes consommatrices de substances qui vivent dans des régions rurales. Ces services permettent une activation plus rapide et à distance des procédures d’intervention d’urgence dans l’éventualité où une personne perdrait conscience. Dans cette étude, nous explorons les expériences, les perceptions et les attitudes des habitants de régions rurales à l’égard de ces services. MéthodologieNous avons mené des entretiens semi-structurés auprès de 15 personnes consommatrices de substances (dont 7 [46,7 %] de sexe masculin et 9 [60 %] Autochtones) vivant dans des collectivités rurales, éloignées ou autochtones. Les entretiens ont pris fin lorsque la saturation des données a été atteinte. Les données ont été analysées selon une analyse thématique. RésultatsSix thèmes clés se sont dégagés de l’analyse : 1) selon les participants, les services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose offrent une solution pragmatique en milieu rural, mais leur utilisation et leur efficacité pourraient comporter certaines limites; 2) la localisation en milieu rural est susceptible d’allonger le temps de réponse des services médicaux d’urgence, réduisant ainsi l’efficacité des services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose; 3) l’utilisation des services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose pourrait être limitée en raison de l’importante stigmatisation à laquelle font face les habitants consommateurs de substances des collectivités rurales, éloignées ou autochtones; 4) le manque d’accès à la technologie reste un obstacle à l’utilisation de ces services; 5) dans les régions rurales, les gens sont souvent peu sensibilisés à la réduction des méfaits; 6) chez les personnes autochtones qui consomment des substances et qui vivent enmilieu rural, la consommation de substances et la réduction des méfaits ont des implications sociales spécifiques. ConclusionMême si, de l’avis des participants, les services d’intervention par téléphone et par application en cas de surdose offrent une stratégie de réduction des méfaits possible chez les personnes consommatrices de substances vivant en milieu rural, certaines contraintes persistent, dont le temps de réponse, l’accès à la technologie et la stigmatisation associée à la consommation de substances.