« Who’s there ? »
Abstract
Les pères sont les grands absents des livres de Gaines, hormis In My Father’s House, comme si ce roman publié en 1978 avait épuisé le sujet. A l’inverse, chez Wideman le père reste un thème majeur même après que l’auteur y a consacré un long essai, Fatheralong.« Figure porte absence et présence », a écrit Pascal. Qu’elle s’inscrive en creux ou qu’elle imprime sa présence, la figure du père occupe une place centrale dans l’univers de ces deux auteurs qui revendiquent leur appartenance à la culture africaine-américaine. Chez l’un et chez l’autre, la question du père est indissociable de la question raciale. Mais chacun a sa combinatoire. Gaines commence par bâtir une tragédie familiale opposant un père et son fils considérés dans leur singularité individuelle ; ensuite seulement le conflit des personnes est rapporté à des causes d’ordre social, telles que l’esclavage. A l’inverse, Fatheralong impose d’abord une longue « méditation » sur la notion de « race », rejetée par l’auteur, avant d’invoquer le cas particulier d’un père et de ses fils.Toutefois cette différence dans l’approche — psychologique et raciale chez Gaines, philosophique et non-raciale chez Wideman — ne se révèle être, à l’examen des textes, qu’un mouvement apparent, à la surface des mots. Au fond, les deux œuvres n’affirment-elles pas que, s’agissant de la paternité, le subjectif l’emporte, même dans un contexte africain-américain, sur le collectif ?Autour de la question du père, et parfois en trompe-l’œil — entre absence et présence, entre responsabilité morale et déterminisme social — , Gaines et Wideman s’interrogent sur la place du sujet humain dans l’Histoire.
Keywords