Sciences, Eaux & Territoires (Apr 2008)
La bio-indication et les indices macrophytiques, outils d'évaluation et de diagnostic de la qualité des cours d'eau
Abstract
La notion de bioindication appliquée au compartiment végétal aquatique couvre différentes approches, issues de celles classiquement développées en phytosociologie ou en phyto-écologie. Ces démarches sont respectivement fondées sur l'analyse des relations entre espèces qui constituent des unités identifiables appelés syntaxons, ou sur celle des relations entre chaque espèce et les facteurs de son environnement, qui conditionnent sa présence et son comportement stationnel. Dans les années quatre-vingt, les besoins se sont précisés en s'orientant vers le développement d'indices synthétiques permettant de quantifier les phénomènes d'eutrophisation. En France, cette problématique a permis de relancer l'étude des macrophytes, en considérant leur évaluation comme un élément nécessaire à la gestion des milieux aquatiques. Des voies plus opérationnelles ont alors été suivies, telles que les approches fonctionnelles, analysant le fonctionnement du milieu par le comportement des communautés, ou le travail sur les phytocénoses de référence, qui permet de disposer d'étalons auxquels comparer les peuplements observés localement. En 2001, une étude de synthèse menée par le GIS Macrophytes a permis de faire le point sur toutes ces démarches, testées ou développées en France. Les travaux de phyto-écologie aquatique ont débouché sur la publication d'un indice biocénotique, l'IBMR (indice biologique macrophytes en rivière). Cet indice est normalisé en France depuis 2003 et constitue actuellement le protocole officiellement adopté pour l'échantillonnage des macrophytes dans les réseaux de surveillance des cours d'eau. En effet, ces travaux ont été rattrapés, à l'instar des autres approches hydrobiologiques, par la mise en oeuvre de la directive européenne sur l'eau de 2000. Pour répondre aux nouvelles prescriptions découlant de l'application de ce règlement communautaire, les travaux d'adaptation et de développement reprennent intensivement, à la fois en utilisant le capital acquis en phyto-écologie et en générant de nouvelles questions très concrètes auxquelles doivent répondre les scientifiques de façon pragmatique. Pour cela, la réorientation et la densification des réseaux de mesure nationaux permettront, en retour, de disposer de données homogènes à une large échelle, ce qui n'avait encore jamais été effectif et ouvre de nouvelles perspectives.