Revue Internationale des Francophonies (Dec 2020)

Les inquiétudes d’une majorité et la Loi 21 : le Québec, le catholicisme et la laïcité en 2019

  • E.-Martin Meunier,
  • Jacob Legault-Leclair

DOI
https://doi.org/10.35562/rif.1167
Journal volume & issue
no. 8

Abstract

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Les auteurs proposent de réfléchir sur les liens entre religion et appui à la laïcité dans le contexte québécois. Pour y parvenir, ils retracent d’abord l’évolution du rapport qu’ont les Québécois à la laïcité, révélant, d’une certaine façon, ce qui mènera à l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21). Une sérieuse mise en contexte de la transformation du régime de religiosité des Québécois depuis les années 1960 à nos jours permet ensuite de retracer et d’analyser le rapport qu’entretiennent les Québécois à la religion tout au long de cette période de sécularisation. Les auteurs analysent trois sondages sur les perceptions et l’appui des mesures restrictives contenus dans la Loi 21. Les questions du port de signes religieux par les enseignants et les directeurs d’écoles primaires et secondaires publiques sont au cœur de leur analyse. Ces données, recueillies par de grandes firmes de sondages, dévoilent un fait inusité à première vue : l’appui des mesures visant à restreindre le port de signes religieux dans l’espace public serait principalement le fait de citoyens francophones se déclarant catholiques. Analysant une série de graphiques descriptifs, les auteurs font émerger les principales caractéristiques sociodémographiques présentes chez les individus appuyant certaines facettes de la Loi 21. En outre, à partir de ces caractéristiques, ils élaborent deux modèles logistiques et examinent la prépondérance des divers facteurs expliquant cet appui. La langue, l’âge et le lieu d’habitation semblent aussi de sérieux déterminants de l’appui aux mesures restrictives de la laïcité. Lorsque regroupées, ces caractéristiques permettent d’esquisser certains profils d’individus plus susceptibles d’adhérer aux principes contenus dans cette loi, ou de les rejeter. Les auteurs terminent en montrant que, par cet appui à la Loi 21, la société québécoise est à la fois unie dans une position identitaire et nationalitaire forte, mais aussi qu’elle est traversée de plusieurs polarisations pour son avenir.