Babel: Littératures Plurielles (Jun 2021)

Entre Seine et Sénégal. La Vénus d’Asnières (1924) d’André Reuzé : pour une poétique malicieuse de la relation coloniale

  • Laure Lévêque

DOI
https://doi.org/10.4000/babel.11892
Journal volume & issue
Vol. 43
pp. 17 – 49

Abstract

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Roman populaire, La Vénus d’Asnières s’inscrit dans une tradition vivace depuis la mi-XIXe siècle : celle des « ruines de Paris » illustrée par une abondante littérature qui enregistre fictivement la chute de ce Paris dont Walter Benjamin faisait la « capitale du XIXe siècle », autant dire l’épicentre de la civilisation. Le jeter à bas revient à prendre symboliquement acte d’un malaise dans la civilisation qui remet en cause les piliers sur lesquels elle repose au nombre desquels la mystique du progrès, déclinée dans le scientisme comme dans l’expansionnisme colonial. Projetant, conformément aux canons du genre, dans un futur à plus ou moins longue détente la renaissance de la civilisation, ici relevée par l’Afrique de l’ouest, ce roman piquant use de ce décentrement d’une rive à l’autre de la Méditerranée pour détourner et retourner les codes du roman colonial en une traversée du miroir qui ne laisse pas les certitudes ethnocentriques indemnes.

Keywords