Tr@jectoires (Jan 2020)

Usages de la non-identité dans la dialectique nature-histoire chez Adorno et Horkheimer

  • Agnès Grivaux

DOI
https://doi.org/10.4000/trajectoires.4142

Abstract

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Cet article vise à dégager, à partir de la référence psychanalytique, les implications politiques de la catégorie adornienne de non-identité utilisée pour penser le rapport entre nature et histoire. Si cette non-identité a fait l’objet de nombreuses études (notamment dans le cadre d’une contestation de la naturalisation du social et, inversement, d’une socialisation sans reste de la nature), il faut noter qu’elle ne concerne pas seulement la question de l’identité entre nature et histoire mais également la nature ou l’histoire dans leur rapport à elles-mêmes. Cet article souligne l’existence d’une théorisation adornienne de la non-identité dans la nature et montre qu’elle s’établit par l’intermédiaire de la référence psychanalytique. La psychanalyse permet à Adorno d’établir une distinction entre les pulsions et les besoins (ici entendus au sens de besoin vital – faim, soif –), qui ne se réduit pas à la seule différence entre nature et histoire, mais renvoie aussi à une forme singulière de non-identité propre à la dimension naturelle de l’existence. Ce moment de non-identité ouvre alors la voie d’une interprétation de l’usage de la catégorie de besoin dans la théorie sociale, dont les enjeux politiques sont importants. Parce que la pulsion n’est pas réductible au besoin vital, il devient possible de distinguer une différence majeure entre besoin vital et besoin social et historique, au sein de laquelle seul le second est infini. Il s’agit de montrer que c’est en confondant besoin vital et pulsion que l’on en vient à infinitiser le besoin naturel, jusqu’à le confondre avec les besoins sociaux, afin d’en faire argument pour légitimer la non-satisfaction sociale des besoins fondamentaux.

Keywords