Belphégor (Mar 2019)

Une littérature illégitime – le « middlebrow »

  • Diana Holmes

DOI
https://doi.org/10.4000/belphegor.1774
Journal volume & issue
Vol. 17, no. 1

Abstract

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L’écart entre la littérature considérée comme « sérieuse », et celle qu’apprécient (selon les palmarès de ventes, les clubs et sites de livres) la majorité des lecteurs « non-professionnels » (Todorov 2007) est considérable, peut-être plus en France qu’ailleurs. Depuis les débuts du modernisme (fin du XIXe) une intrigue captivante, la vraisemblance, des techniques narratives mimétiques et transparentes – en gros, les qualités « immersives » – sont dévalorisées : la « vraie » littérature est « intransitive », en termes barthésiens, scriptible plutôt que lisible. Et pourtant ce sont là les qualités qui n’ont jamais cessé d’attirer le lecteur moyen, ou plutôt, étant donnée la féminisation de la lecture, la lectrice moyenne, qui lit à la fois pour se faire plaisir et pour s’instruire. « Moyen » comme « middlebrow » a tout de suite des connotations péjoratives : le « moyen » n’est pas loin du « médiocre ». Dans cet article je tente de préciser la signification du terme « middlebrow », et les raisons pour lesquelles il a toujours impliqué un jugement négatif. Je propose une défense de cette littérature mimétique, immersive et lisible qu’évoque le terme, en m’appuyant sur les travaux de critiques comme Marie-Laure Ryan, Jean-Marie Schaeffer, et Raphaël Baroni.

Keywords