Revue de Primatologie (Jan 2016)

Préférence manuelle chez les gibbons

  • Luca Morino,
  • Makiko Uchikoshi,
  • Fred Bercovitch,
  • William D Hopkins,
  • Tetsuro Matsuzawa

DOI
https://doi.org/10.4000/primatologie.2451
Journal volume & issue
Vol. 6

Abstract

Read online

Les liens entre la latéralisation du cerveau, le comportement positionnel et la communication vocale sont loin d’être élucidés. Un des problèmes est le manque de données chez certaines espèces-clés comme notamment au sein des hylobatidés, alors que ce taxon est particulièrement intéressant dans ce contexte : 1. ils sont très proches de l’homme et partagent un répertoire vocal complexe, ils pourraient donc partager certaines voies neurologiques pour leur vocalisation complexe ; 2. leur adaptation à l’arboricolie s’associe à des contraintes posturales uniques ; 3. il y a peu de données sur leur latéralité, et celles-ci sont contradictoires. Pour essayer de clarifier la situation, nous avons testé la préférence manuelle de 22 siamangs (Symphalangus syndactylus) et 20 gibbons (8 Hylobates lar, 4 H. agilis, 4 H. muelleri, 3 H. pileatus, 1 Nomascus leucogenys), vivant en captivité au Japon. Nous avons contrôlé les possibles biais (la posture, contraintes des enclos, motivation) et utilisé un protocole de test bien établi (tube task). Les indices de latéralité calculés à partir de fréquences ou de « bouts » ont montré une préférence significative pour l’utilisation de la main gauche, ce qui est en accord avec les données reportées chez les siamangs sauvages. Lorsque l’on sépare les siamangs et les gibbons, seuls les siamangs montrent une préférence significative. Par rapport aux siamangs sauvages, les siamangs captifs montrent moins de préférence manuelle claire, et pas de variation liée à l’âge. La réponse est plus fortement latéralisée quand ils utilisent l’index plutôt que le pouce pour extraire la nourriture du tube (une tâche plus complexe d’un point de vue cognitif et moteur). Ces résultats confirment une préférence pour la main gauche chez les siamangs mais (provisoirement) pas chez les autres hylobatidés. Nous discuterons l’importance de la complexité de la tâche lorsque l’on teste la latéralité manuelle, les pressions de sélection qui pourraient avoir agi spécifiquement sur les hylobatidés hautement arboricoles, ainsi que les facteurs qui pourraient expliquer la différence entre les données de latéralité chez des populations de primates sauvages versus primates captifs.Nous remercions les administrateurs et les gardiens de zoos qui ont contribué à la collecte de données. LM reconnaît l'Université de Kyoto et la Société japonaise pour la promotion des sciences (JSPS) pour le financement de ce projet.

Keywords