SHS Web of Conferences (Jul 2014)
Négation et opposition, même combat ? Aspects de la préfixation en non- et anti-
Abstract
Cet article a pour objet les noms construits sur base nominale par préfixation de non- lorsqu’ils sont employés dans une lecture contraire (1) et ceux construits sur base nominale par préfixation de anti- lorsqu’ils sont employés dans une lecture antonymique (2) : (1) Le constat, c’est que personne n’a été bon, on a fait un non-match (Google). (2) L'accusé, tel que vous me le décrivez, est une sorte d’anti-blouson noir, le brave type que rien ne prédisposait au meurtre et qui y a été conduit malgré lui (Frantext). Dans ces deux exemples, le [non-N]N et l’[anti-N]N dénotent un référent (NON-MATCH, ANTI-BLOUSON NOIR) qui a des traits communs avec le référent du nom base (MATCH, BLOUSON NOIR), mais qui n’en possède pas toutes les caractéristiques. M’appuyant sur un corpus de formes attestées dans le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), Frantext et la Toile, je cherche dans cet article à comparer l’interprétation contraire des [non-N]N et l’interprétation antonymique des [anti-N]N. J’y examine les éventuelles contraintes portant sur les bases, les propriétés du référent du nom base visées par les préfixes non- et anti-, la relation sémantique entre le nom base et le lexème construit ainsi que le sens des dérivés. Ma principale conclusion est que ces deux interprétations ne sont pas équivalentes, non- étant spécialisé dans l’expression de la négation, anti- dans l’expression de l’opposition.