Refracción (Jun 2022)

La promesse consensuelle du Commun et de l’Urbanisme transitoire

  • Julia Tournaire

Journal volume & issue
no. 6
pp. 223 – 243

Abstract

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L’Urbanisme transitoire a émergé en France en 2014. Ayant pour objet l’occupation temporaire de bâtiments ou de sites vacants dans le temps de latence précédant un projet urbain, ce mouvement se distingue des squats par sa légalité et sa légitimité. Présenté comme une manière révolutionnaire de faire la ville, il ne s’oppose pas pour autant à la manière de faire régulière, à l’inverse encore une fois des squats ou d’autres formes d’occupation de lieux culturels à l’initiative d’habitants et de citoyens, comme le mouvement des « communs urbains » italiens. Si ces lieux sont des lieux de lutte, contre par exemple la monétarisation de l’espace urbain et l’appropriation de la ville à des fins spéculatives, l’Urbanisme transitoire est quant à lui construit comme l’espace de neutralisation de toute possibilité de luttes et est même érigé en agent de conciliation de visions urbaines qui, par ailleurs, s’opposent. L’article fait l’hypothèse que cette absence apparente de conflictualité à l’œuvre au sein de l’Urbanisme transitoire est en réalité le fruit d’un important travail argumentatif. Il avance également que cette non-conflictualité n’est pas atteinte à l’issue de prises de position discursives contradictoires dont l’une aurait été combattue avec succès, mais qu’elle est façonnée par la délimitation d’un espace sémantique au sein duquel il n’est précisément pas possible d’engager une position de combat. Il s’attache ainsi à déceler les processus sémantiques à l’œuvre dans cette pseudo-dépolitisation unilatérale et à décrire ce que nous nommerons la neutralisation naturalisante, où l’annihilation de toute possibilité de luttes conforte la position dominante, et renforce la puissance d’agir, non pas des habitants, mais de ceux qui contrôlent déjà la ville

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