Mosaïque (Jul 2024)

La ville carcérale ou le tombeau de la mémoire : étude des premiers recueils de Abdellatif Laâbi et Tahar Djaout (1960-1980)

  • Camille Lotz

DOI
https://doi.org/10.54563/mosaique.2601
Journal volume & issue
no. 21

Abstract

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L’article se propose d’aborder le motif de la carcéralité dans les œuvres poétiques d’Abdellatif Laâbi (Histoire des sept crucifiés de l’espoir) et de Tahar Djaout (Solstice barbelé et L’Arche à vau-l’eau). Si la ville carcérale apparaît comme la métaphore d’un pouvoir autoritaire post-colonial, elle cristallise également l’opposition entre deux types de parole. En effet, alors que l’enfermement et la censure, outils de maintien de l’ordre, cherchent à évacuer tout conflit possible au sein de l’espace public, afin de diffuser une version officielle de l’histoire et de taire les voix contestataires ou les récits alternatifs, la parole poétique, par sa marginalité, porte en elle une forte dimension critique visant à réinscrire du conflit, de l’hétérogénéité, au sein de cet espace. Qu’il s’agisse d’emprunter à la tradition du conte ou d’insuffler au langage une puissance cosmique, le dire poétique échappe aux normes et se présente comme hautement transgressif. Et c’est depuis la marge que peuvent se déployer ces écritures de la révolte.