SHS Web of Conferences (Jul 2014)
Le dialecte niçois : usage consacré et parler de la rue
Abstract
Depuis plus d’une trentaine d’années, l’occitan de Nice a donné lieu à de nombreuses publications qui ont permis de bien connaître sa diversité dans l’espace et dans le temps. En s’intéressant aux pressions normatives exercées sur le dialecte, cet article vient compléter la description de la variation linguistique en pays niçois. En effet, deux grands sociolectes méritent d’être identifiés pour le parler de la région : la langue spontanée des locuteurs « de la rue » et celle, changeante selon les écoles, des mainteneurs soucieux de pureté langagière. La comparaison des deux ensembles est avant tout l’occasion de présenter quelques aspects remarquables du parler populaire recueilli lors d’enquêtes linguistiques de terrain effectuées ces dernières années auprès des dialectophones naturels du Vieux-Nice. Fort d’un phonétisme original, riche d’un lexique inépuisable et particulièrement sujet à la variation libre, le niçois de la transmission familiale est néanmoins menacé par une invasion de termes français. En réaction, les puristes recherchent le bon usage. Leur démarche est cependant semée d’embûches : dépendante de dictionnaires perfectibles et de représentations trompeuses, elle aboutit bien souvent à des résultats dangereux. En retard sur la pratique réelle, parfois incohérent, l'usage consacré menace même, au nom de la correction du langage, d’éliminer du paysage niçois des termes parfaitement autochtones, attestés et vivants. Si le dialecte de Nice nécessite de toute urgence un nouvel outil lexicographique, ce dernier ne sera satisfaisant qu’à condition de parvenir à la symbiose des différentes pratiques.