Studii si Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice (Nov 2010)
LE TOUR FIGÉ CÉLINIEN À LA DÉCOUVERTE DE SA LITTÉRALITÉ. PROBLÈMES DE TRADUCTION
Abstract
Dans « Voyage au bout de la nuit » de Céline, les tours figés contiennent, in nuce, les prémices de leur littéralité. Ils sont à maintes reprises utilisés en raison du sens littéral des lexèmes qui les composent, le plaisir de lecture ressurgissant de la découverte du sens propre qui se cache derrière la massivité du sens figé. Céline parvient à redonner une valeur poétique, littérale, au tour figé, à le remotiver, grâce à la mise en rapport avec un autre emploi textuel, où les lexèmes apparaissent avec leur sens propre, grâce à la déformation de la locution, ou bien grâce à la reconstitution de la locution à partir d’éléments disséminés dans le texte. La différence idiomatique agit comme un puissant frein pour la mise en place de cet effet éminemment poétique, lorsque le seul souci du traducteur est la traduction du sens dénotatif. Or, les effets de redécouverte de la littéralité du tour figé ne relèvent pas, tous, de l’intraduisible. L’inscription des deux traductions roumaines dans la dimension poétique particulière de l’écriture célinienne doit s’appuyer sur des solutions de contournement ; la traduction littérale et le détour de la stricte dénotation pourraient en représentent quelques-unes.