Lien Social et Politiques (Jan 2021)
Quand les groupes communautaires prennent le relais : réponses du tiers-secteur au mal-logement et à la gentrification dans deux quartiers tremplins d’immigration de Montréal
Abstract
Dans cet article, l’objectif est de présenter les initiatives mises en place localement par les organismes communautaires pour lutter contre le mal-logement au sein de deux quartiers tremplins d’immigration de Montréal. Basé sur une méthodologie qualitative, il s’appuie sur un travail d’observation participante mené pendant près de trois ans comme bénévole au sein de deux organismes de défense des droits des locataires, le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE) et le Bureau Info Logement (BIL) de Saint-Michel. La recherche mobilise également l’analyse d’une trentaine d’entretiens semi-directifs conduits auprès de différents professionnels du secteur du logement dans les deux quartiers. Dans les quartiers Parc-Extension et Saint-Michel, les résidents, pour la plupart des travailleurs pauvres immigrants, font face à de nombreux problèmes d’insalubrité et de surpeuplement des logements, mais aussi aux impacts des dynamiques de gentrification qui s’opèrent dans ces espaces de transit. Pour répondre à ces différents enjeux et compenser le manque d’intervention criant des pouvoirs publics, les organismes communautaires se mobilisent et proposent des réponses innovantes allant de l’accompagnement individuel des locataires à la promotion du logement social à travers des manifestations dans l’espace public, en passant par la participation aux projets de développement de logements communautaires adaptés aux besoins des ménages. Cependant, alors que le tiers-secteur semble jouer un rôle de plus en plus important à l’échelle locale, on peut se demander si cette prise en charge des problèmes de mal-logement par les organismes communautaires ne participe pas à légitimer le manque d’intervention des acteurs institutionnels dans le secteur.
Keywords