Revue Italienne d'Etudes Françaises (Nov 2018)

La Bruyère critique de lui-même : de l’autorité en matière de morale

  • Charles-Olivier Stiker Métral

DOI
https://doi.org/10.4000/rief.2289
Journal volume & issue
Vol. 8

Abstract

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Écrivain dépourvu de légitimité institutionnelle, le moraliste doit justifier sa prise de parole. En cet âge classique qui voit conjointement la naissance de la critique littéraire et celle de l’écrivain, Les Caractères ou les mœurs de ce siècle, proposent, dans l’évolution de leurs paratextes et dans les ajouts de remarques métalittéraires, la « généalogie d’une figure d’auteur » (M. Escola, dans La Bruyère, Les Caractères, Paris, Champion, 1999, p. 10). Mais comment La Bruyère assure-t-il sa compétence et sa légitimité à écrire sur « les mœurs de ce siècle » ? La chronologie des textes critiques de La Bruyère met en évidence la variété des formes par lesquelles l’écrivain se fait critique de lui-même : Discours sur Théophraste, Préface, discours de réception à l’Académie, remarques insérées dans les chapitres (notamment « Des ouvrages de l’esprit » et « Des jugements »). Il est dès lors possible de dégager les enjeux de ces textes réflexifs : d’abord établir une généalogie et une poétique du « caractère » en revendiquant sources et modèles, ensuite élaborer une éthique de l’écriture à travers des représentations directes et indirectes de l’auteur et enfin proposer une rhétorique en interrogeant la figure du lecteur.

Keywords