Recherches Germaniques (Mar 2010)
Des mirages de Bénarès au miroir de Kāśī
Abstract
Depuis la fin du XIXe siècle, Bénarès attire particulièrement les voyageurs occidentaux en quête d’exotisme. Cette contribution s’intéresse aux voyageurs issus de l’espace germanophone, qu’ils soient écrivains, indianistes, missionnaires, aventuriers, journalistes ou ingénieurs. Dans la ville sainte de l’hindouisme, le globe-trotter ou le touriste occidental vit des expériences esthétiques et/ou des visions mystiques dont il est bien souvent aussi victime. Seule une perspective particulière sur les ghâts, au lever ou au coucher du soleil, semble propice à l’apparition du mirage de la ‘Ville Sainte’, grâce à un effet de lumière gommant saleté et misère. Un chant, l’atmosphère d’un temple ou la prise de drogue, peuvent également provoquer une pseudo-illumination. Mais le charme est vite rompu, et Bénarès reste pour le voyageur un lieu de confusion, hallucination échappant à la raison. Il regarde et scrute même les habitants et leur environnement, mais ne peut ‘voir’ la ‘ville radieuse’, Kāśī, à moins de découvrir peu à peu sa géographie sacrée et ses frontières invisibles.