e-Scripta Romanica (Nov 2023)

Madeleine Férat ou la mémoire dans la peau : l’imprégnation comme procédé mémoriel dans le roman naturaliste

  • Katherine Rondou

DOI
https://doi.org/10.18778/2392-0718.11.02
Journal volume & issue
Vol. 11
pp. 9 – 22

Abstract

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À l’époque où Émile Zola publie Madeleine Férat (1868), le motif de la courtisane amoureuse constitue déjà un poncif romantique. Le futur chef de file des naturalistes souhaite par conséquent prendre ses distances avec une conception dépassée de la femme perdue repentie et s’empare de l’incarnation par excellence de la pécheresse convertie dans l’imaginaire judéo-chrétien, sainte Marie-Madeleine, afin de la détourner. Alors que les évangiles construisent le personnage sur la dichotomie de la chute et de la rédemption, le romancier refuse à son héroïne l’oubli de son passé. L’écrivain suggère d’un chapitre à l’autre la progression implacable de la destinée dramatique de Madeleine Férat et modernise le Fatum antique, comme il le fera par la suite dans les Rougon-Macquart, en s’inspirant des théories médicales de son temps, ici les publications du Dr Prosper Lucas sur l’imprégnation séminale. Madeleine Férat subit malgré elle la domination de lois physiologiques qui s’opposent à ses valeurs morales, et le suicide semble dès lors son unique échappatoire. Sous la plume de Zola, Marie de Magdala devient une héroïne tragique.

Keywords