AMJAU, African and Mediterranean Journal of Architecture and Urbanism (Jul 2023)

De l’œuvre vers l’icône. L’édifice culturel pour un renouveau urbain à Casablanca et Rabat. Deux théâtres, CasArts et Mohammed VI

  • Nezha TLEMÇANI MEKAOUI

DOI
https://doi.org/10.48399/IMIST.PRSM/amjau-v5i1.40612
Journal volume & issue
Vol. 5, no. 9
pp. 47 – 67

Abstract

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L’article interroge une tendance de l’architecture qui a pris un relief tout à fait remarquable à la fin du XXe siècle : celle du recours à l’architecture dite iconique associée à des starchitectes dans une perspective de mise en visibilité et de compétitivité des villes. Dans ce sens et dans un contexte de plus en plus mondialisé, le phénomène commence à prendre une certaine ampleur au Maroc, il marque une transformation de la ville marocaine par le projet, rompant ainsi avec les paradigmes antérieurs de fabrication de la ville et annonçant un virage historique qu’il convient de saisir. Rejetant une approche trop étroitement architecturale, l’article se propose d’en analyser les origines et les effets urbains, culturels, sociaux et politiques. De manière précise, il questionne l’émergence de l’architecture iconique au Maroc, son processus de mise en œuvre et la posture de ses maîtres d’œuvres, et ce à travers deux projets culturels iconiques ; le théâtre CasArts et le théâtre Mohammed VI, conçus respectivement par Christian De Portzamparc et ZahaHadid. Ces deux édifices surviennent dans un contexte où l’édifice iconique se pose comme enjeu urbain dans les deux villes de Casablanca et Rabat, villes en quête de métropolisation et de rayonnement, notamment par la culture. De l’œuvre vers l’icône, les deux édifices sont étudiés comme pensée intellectuelle des starchitectes en appréhendant la notion de l’architecture iconique, de la conception à la perception en passant par l’approche de la contextualisation de l’œuvre et son impact sur son environnement urbain, l’image qu’elle offre et sa représentation. Des outils diversifiés sont interpelés pour analyser les édifices dans leur interaction urbaine et sociétale faisant appel aux contacts directs, au numérique et aux cartes mentales. D’une iconicité fabriquée, les deux présentent l’incarnation du projet iconique plus ou moins perçu comme tel. Cependant, les deux œuvres abordent des postures différenciées ; du complexe urbain qui prend en compte l’espace urbain et le reprend à l’intérieur, à l’édifice spectacle qui joue le rôle d’ornement urbain ; d’une architecture répondant à un programme à une architecture sculpture, ils se distinguent déjà, l’un par sa façade habitée et l’autre par son enveloppe. Leur contenant devance leur contenu, ils dépassent leur rôle utilitaire pour renvoyer une image prédéfinie d’internationalisation, de modernité et de puissance.

Keywords