Voix Plurielles (Dec 2017)

Le banquet de Rachilde

  • Vicky Gauthier

DOI
https://doi.org/10.26522/vp.v14i2.1643
Journal volume & issue
Vol. 14, no. 2

Abstract

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Fil d’Ariane dans l’œuvre de l’écrivaine française Rachilde (1860-1953), l’amour y détient une place prépondérante. Dans la lignée de l’esprit décadent de son époque qui se réapproprie mythes et doctrines philosophiques anciennes et nouvelles, Rachilde insuffle à ses héroïnes et héros un amour plus idéel, un culte de la beauté/volupté, repoussant d’emblée tout amour à fonction procréatrice « de basse-cour ou d’étable » et, ipso facto, l’institution du mariage au profit d’un célibat assumé fortement hors nature. Cet "amour monstre" aux propos et comportements subversifs contrecarre vivement les visées sociales et forme une sorte de programme préconisé en réponse à la médiocrité de la société et à son carcan. Avec cette vision pour le moins utopique, rares sont les romans de Rachilde qui arrivent à mettre les paroles en actes, puisque la nature humaine, faite de pulsions et d’élans, et/ou la pression sociale finissent par avoir raison de ce type d’amour hautement théorique et abstrait. Un peu à la façon naturaliste, le corps finit toujours par trahir/salir les bonnes intentions d’un esprit pur à la recherche d’un idéal amoureux. C’est pourquoi bon nombre d’entre eux tourneront leur affection monstrueuse vers le matérialisme, un culte de l’objet, tout aussi décadent. Cet article se propose donc d’explorer cet amour platonicien réinventé sous les traits de la décadence dans la prose rachildienne.

Keywords