Vestnik za Tuje Jezike (Dec 2021)
Un regard sociolinguistique sur le resiano
Abstract
Les variétés de slovène du Val Resia, en Frioul-Vénétie Julienne, sont enclavées derrière un contrefort montagneux qui les isole du réseau dialectal slovène. Une riche tradition de recherche les documente depuis deux siècles, et connaît un renouveau grâce à l’aménagement linguistique « de par en bas » (associatif). Une codification a pris forme dans les années 1990, fondée sur un travail de recherche tenant compte de la diversité dialectale interne de cette micro-région. Cependant, divers points de vue s’opposent, sur le plan glottopolitique entre d’une part, les tenants d’une individuation localiste contre une intégration dans le concert des dialectes slovènes, et d’autre part, les tenants d’une intégration polynomique et pragmatique, cultivant le lien avec la langue de référence, le slovène, dans une relation de complémentarité. Le présent article rend compte de ce dilemme et des contradictions entre plan émique et plan étique, sur la base d’un état documentaire diversifié et d’observations de terrain. On propose trois « modèles » ou scénarios » de développement social et de revitalisation du résian et des variétés italo-slovènes proches : la citadelle (isolationnisme, avec risque de substitution sociolinguistique), le pont (intégration, avec risque d’assimilation par le slovène standard), le pont-levis (un pluralisme polynomique, avec ouverture au monde slovène et slave, tout en maintenant une spécificité structurale). Des trois options, c’est semble-t-il la troisième qui tend, fort heureusement, à prévaloir depuis plusieurs décennies, bien qu’il faille rester vigilant à maintenir un équilibre entre individuation, isolement et assimilation. C’est là un processus sans fin, dont le résian constitue un cas exemplaire pour la glottopolitique des minorités transfrontalières.
Keywords