Le personnage-enfant et le discours de haine dans le roman français contemporain, cas de L’enfance perdu de Marie-Paule Armand

Abstract

Résumé : La présente étude propose une analyse des conséquences irréparables des discours de haine sur le personnage-enfant qui s’en trouve meurtri dans le meilleur des cas, sinon excommunié parce que jugé indigne de sa communauté. Il fait quelquefois l’objet de violences verbales déshumanisantes qui lui provoquent des chocs traumatiques au point de le déstabiliser. Il est traité comme un rebut de sa communauté dont on aimerait vite se débarrasser. Il est malheureusement victime d’une haine non justifiée par ses proches qui n’en voient qu’un être encombrant. Dans cette logique, M-P. Armand, dans L’enfance perdue (1999), fait vivre l’inconfort du petit Thomas dénié dès sa naissance par ses grands-parents qui n’en voient qu’un enfant de la honte, donc une vile excroissance familiale. Les injures et autres agressions verbales dont il fait l’objet, de la famille jusqu’à l’orphelinat en passant par la maison d’accueil, frisent la dénégation et constituent des fondamentaux d’un extrémisme violent qui le transforme. Il intéresse dès lors d’interroger les mobiles d’un tel discours vis-à-vis du personnage-enfant et d’examiner ses conséquences sur ses rapports aux autres dans son environnement. Cette analyse examine ainsi l’esthétique de la violence en décryptant le style convoqué par ce qu’il est convenu d’appeler les bourreaux auteurs des discours de haine contre le personnage-enfant. Aussi la sociolinguistique apparaît-elle opportune pour des analyses probantes. L’étude s’organise d’abord autour des mobiles des discours de haine, ensuite autour des formes de ce type de discours et elle se referme enfin sur ses conséquences sur les victimes et sur leurs rapports à leur environnement. Mots-clés : discours de haine, personnage-enfant, violence, choc traumatique, sociolinguistique.